REMÉDIER AU MANQUE D’INFRASTRUCTURES EN AFRIQUE

Les opportunités en matière d’investissement dans les infrastructures en Afrique, et l’intérêt que celles-ci génèrent, sont considérables. Les initiatives s’amplifient pour concrétiser les partenariats public-privé.

L’investissement dans les infrastructures en Afrique est aujourd’hui une absolue nécessité afin de répondre à la croissance démographique et à la transformation économique. C’est ce qu’affirme le groupe de réflexion américain The Wilson Centre, qui parle des opportunités en matière d’investissement et de l’intérêt que celles-ci suscitent auprès des investisseurs internationaux. Ce qui est totalement d’actualité car, selon la Banque africaine de développement, la refonte des infrastructures africaines nécessitera jusqu’à 170 milliards de dollars annuels à compter de 2024.

Remédier au manque d’infrastructures en Afrique est vital afin d’assurer le  développement économique du continent, selon McKinsey, qui déclare que « l’augmentation régulière des investissements dans les infrastructures en Afrique est une bonne nouvelle… et que l’intérêt des investisseurs internationaux, ainsi que les fonds dont ils disposent, leur permettront d’augmenter considérablement leurs investissements sur le continent ».

McKinsey voit un « paradoxe en matière d’infrastructures en Afrique » où le besoin et le nombre de projets potentiels, pour lesquels des fonds sont disponibles, sont considérables tandis que « les sommes dépensées ne sont pas à la hauteur des besoins ». Le travail nécessaire pour que les projets d’infrastructure proposés aillent au-delà de la phase de « faisabilité et de conception du business plan » constitue un véritable défi.

Les projets sont, sans aucun doute, bien réels. Rien que dans le domaine de l’énergie, l’Afrique peut potentiellement produire 11 térawatts d’énergie solaire, 350 gigawatts d’hydroélectricité, 110 gigawatts d’énergie éolienne et 15 gigawatts d’énergie géothermique, selon les derniers chiffres de l’Agence internationale de l’énergie (AIE).

Plusieurs pays africains (notamment le Maroc, l’Égypte, l’Afrique du Sud, le Nigéria et le Ghana) ont ouvert la voie et lancé avec succès des projets de PPP, comme nous le verrons lors de la 13ème Conférence sur les partenariats public-privé (PPP) en Afrique, organisée au Maroc, en octobre prochain, autour du thème « Accélérer la réalisation de projets et les partenariats ».

Les arguments en faveur de l’investissement

La demande de financements privés s’explique par l’insuffisance des fonds publics pour financer les projets dans les secteurs du transport, de l’électricité, de l’eau et de l’accès Internet. Ces projets sont indispensables alors que le continent fait face aux difficultés économiques causées par la guerre en Ukraine, l‘inflation mondiale et une forte pénurie de dollars. Les niveaux d’endettement sont aujourd’hui trop élevés et les gouvernements n’ont plus de marge de manœuvre budgétaire (à titre d’exemple, l’Afrique subsaharienne a financé, sur ses ressources propres, 90 % de ses dépenses entre 2015 et 2018).

Akinwumi Adesina, président du conseil d’administration d’Africa50 (un fonds d’accélération des investissements) et PDG de la Banque africaine de développement (BAD), a déclaré, l’année dernière, au Maroc : « Nous devons rechercher des capitaux supplémentaires auprès des partenaires du développement, du secteur privé et des investisseurs institutionnels ». Les organisations, qu’il dirige, ont levé, au cours de ces dernières années, plus de 50 milliards de dollars pour des projets de PPP destinés aux infrastructures africaines.

Les gouvernements africains, qui ont parfaitement conscience de la difficulté à mobiliser les capitaux privés, cherchent à accroître leur attractivité auprès des investisseurs, à renforcer leurs institutions et à créer de nouvelles sociétés d’investissement comme, par exemple, Africa50, une plateforme d’investissement dans les infrastructures, qui contribue à la croissance du continent en développant et en investissant dans des projets rentables, via la mobilisation de capitaux publics et privés. Africa50 compte actuellement 32 actionnaires, dont 29 pays africains, la Banque africaine de développement, la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) et Bank Al-Maghrib.

Africa50 a notamment développé avec succès le PPP pour les lignes de transmission au Kenya, qui porte sur le développement, le financement, la construction et l’exploitation des lignes de transmission de 400 kV Lessos – Loosuk et de 220 kV Kisumu – Musaga dans le cadre d’un partenariat public-privé avec la Power Grid Corporation of India. Un autre projet porte sur le développement et l’exploitation par PAIX Data Centers d’une plate-forme panafricaine de centres de données neutres vis-à-vis des opérateurs télécoms. Paix exploite actuellement deux centres de données au Ghana et au Kenya. L’alliance pour des infrastructures vertes en Afrique, de la BAD, a collaboré avec Africa 50 dans le but de lever 500 millions de dollars de capital d’amorçage pour le développement de projets visant à générer des opportunités commerciales d’une valeur de 10 milliards de dollars.

La pression en faveur de projets solides et financièrement viables    

Le Fonds de conseil en infrastructure publique-privée (PPIAF) facilite également la mobilisation de capitaux en faveur du continent africain. Ce programme a permis, dans le monde entier, de renforcer les institutions en charge des PPP, les compétences des dirigeants publics et le cadre législatif et réglementaires des PPP, a déclaré la Banque mondiale dans un document publié au printemps et intitulé « Building Stronger Intuitions to Mobilization Private Capital in Infrastructure ». La Banque mondiale déclare également que : « En conséquence, il y a eu une nette amélioration en termes de solidité et de viabilité financière des projets de PPP dans de nombreux pays, dont l’Éthiopie, la Guinée-Bissau, le Kenya, le Laos, le Lesotho, le Panama, le Pérou, le Sénégal, l’Afrique du Sud, la Tanzanie, et le Vietnam. Ces efforts ont conduit au lancement de plusieurs projets de PPP novateurs et soutiennent des initiatives et des projets de PPP, ainsi que l’engagement de la Banque mondiale dans divers secteurs en lien avec les infrastructures ».

Le Maroc a développé avec succès sa propre stratégie et a investi massivement dans des projets d’infrastructures, dépensant parfois près de 40 % de son PIB, selon la Banque mondiale, l’un des taux les plus élevés au monde. Les investissements ont permis de créer des chaînes d’approvisionnement plus fiables, d’améliorer l’accès aux marchés et aux services de première nécessité et d’accroître la productivité. Parmi les projets les plus récents, il faut noter l’expansion de l’usine de dessalement de Tan-Tan associant Abengoa, la multinationale espagnole spécialiste de l’eau et de l’énergie, à Atlas Energie ou encore la prise d’une participation majoritaire par la société britannique Helios Investment Partners dans Maroc Datacenter (MDC). Le Moroccan Infrastructure Fund (MIF), constitué en 2006, met l’accent sur les investissements dans les infrastructures, que ce soit dans de nouveaux projets ou dans l’amélioration ou l’extension d’entreprises ou de projets existants. Il s’agit d’une co-entreprise réunissant Emerging Capital Partners, (basée aux États-Unis) et Attijari Invest (basée au Maroc).

Adhésion mondiale, réformes institutionnelles

Le PPIAF, un fonds fiduciaire multi-bailleurs administré par la Banque mondiale, a fourni des fonds au Programme de renforcement des institutions pour les PPP et a ainsi joué un rôle déterminant dans le développement des PPP. Outre la Banque mondiale, l’Allemagne, l’Australie, les États-Unis, la France, la Norvège, les Pays-Bas, le Royaume-Uni, la Suède et la Suisse appuient le PPIAF.

Au Kenya, les PPP sont gérés par l’Unité de partenariat public-privé du trésor public qui développe des projets dans les domaines de l’éducation, de l’énergie, de la santé, de l’industrie, du logement, et de l’eau. Le Kenya travaille depuis des années avec le PPIAF, ce qui lui a permis de gagner considérablement en expérience et en capacités et de développer une base juridique et institutionnelle. 80 projets de PPP avaient été approuvés lorsque le soutien du PPIAF a pris fin en 2020. Le PPIAF a contribué à la mise en place d’un cadre en matière de gestion des engagements budgétaires et des passifs éventuels afin de permettre aux institutions nationales et locales de gérer les obligations budgétaires du gouvernement dans le cadre des PPP et d’en rendre compte de manière efficace et transparente.

La Société financière internationale, la branche financière de la Banque mondiale, déclare, dans un rapport publié plus tôt cette année (Infrastructure in Africa, How Institutional Reforms Can Attract More Private Capital) que les réformes institutionnelles sont indispensables. Pour la SFI, la qualité des institutions, « moteur puissant de la participation du secteur privé au financement des infrastructures », est essentielle. Les tests de robustesse montrent que « la gouvernance est un facteur positif » de la participation privée dans les infrastructures.

Le rapport indique également que « grâce au renforcement de l’État de droit et à la lutte contre la corruption, l’investissement privé peut gagner jusqu’à 0,8 % du PIB sur quatre ans, soit 20 milliards de dollars ».

Pour la SADC-DFRC (Communauté de développement de l’Afrique australe – Centre de ressources pour le financement du développement), « L’Afrique du Sud possède une expérience considérable dans la mise en place de PPP réussis, avec un cadre réglementaire solide en place pour garantir la transparence, gérer les risques et garantir des rendements pour les investisseurs privés. La discipline et la planification rigoureuse associées aux PPP ont profité à l’acquisition des plus grands projets d’infrastructure du secteur public dans le cadre du programme d’approvisionnement des producteurs d’électricité indépendants en énergies renouvelables et du matériel roulant pour la Passenger Rail Agency d’Afrique du Sud. »

La Chine adopte une vision à long terme

Les entreprises chinoises, une source énorme de financement des infrastructures au cours de ces dernières années, font désormais partie des nouveaux acteurs qui prennent des participations privées dans des mégaprojets, notamment portuaires, par le biais des PPP. Selon le South China Morning Post, le problème de la dette intérieure a entraîné, en 2022, la baisse du financement dans le cadre de l’initiative « la Ceinture et la Route » à des niveaux historiquement bas. Les observateurs disent que les entreprises chinoises passent d’un modèle limité à l’ingénierie, l’approvisionnement, la construction et le financement à un modèle d’exploitation de l’infrastructure, une fois construite (investissement, construction et exploitation intégrés ou IICO).

« L’IICO est maintenant couramment utilisé par la partie chinoise lorsqu’elle aborde les partenariats public-privé (PPP). Il s’agit d’un contrat à long terme qui implique généralement la conception, le financement, la construction, l’exploitation et, dans certains cas, la perception d’un péage », indique le journal.

« Il se présente également sous la forme de contrats de construction-exploitation-transfert (BOT), de construction-propriété-exploitation-transfert (BOOT) et de construction-propriété-exploitation (BOO). Le secteur de l’énergie était considéré comme le plus susceptible de faire l’objet de ce type de projets et certaines entreprises chinoises, comme Sinohydro et PowerChina, travaillaient déjà de cette manière depuis un certain temps. »

Ainsi, l’Afrique se prépare à jouer un rôle plus important dans le développement économique mondial, une tendance qui peut s’accélérer selon David Baxter, conseiller principal du International Sustainable Resilience Center affilié à la CEE-ONU. Dans une interview accordée à Uxolo, un site Web d’intelligence économique B2B, David Baxter déclare : « Il y a une prise de conscience croissante que les pays sont en concurrence pour le financement international et qu’ils doivent convaincre les investisseurs. Ils peuvent prendre des mesures simples afin d’attirer les investissements, notamment en créant des pipelines de projets à long terme qui donnent aux investisseurs un aperçu des projets financièrement viables ; en veillant à ce que les procédures d’approvisionnement soient parfaitement transparentes et concurrentielles ; en acceptant le partage des risques du projet de manière à ce que les parties ne se voient attribuer que le risque qu’elles peuvent et doivent gérer ; en encourageant le rendement des investissements ; et en acceptant l’inviolabilité de la loi ».

Les investisseurs surveillent attentivement les développements sur tous ces fronts à mesure que s’étoffe la liste des projets potentiels de PPP en Afrique.

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